Ouvrez les yeux

FICTION

Mercredi 13 Novembre :

Je m’appelle Stéphane. De mon vivant, je n’ai jamais réussi à comprendre ce qu’est la souffrance, un sentiment qui m’était étranger, mais qui a fini par façonner mon existence.

Pour comprendre mon histoire et enfin délivrer mon message, je vous replonge dans ce que fut ma vie.

Les moqueries étaient le quotidien de mon enfance. Chaque jour d’école était un enfer, mes camarades me harcelaient, du jet de pierres aux crachats, de coups de poings et autres sevices sadiques.
C’était un rituel, auquel je me pliais, immobile, en essayant de me rendre aussi invisible que possible, honteux. Je préférais endurer le tout en silence.

Les enseignants me décrivaient comme timide, introverti. Cela n’avait rien d’étonnant, dans la cour de l’école, je n’avais jamais eu droit à la parole, je n’étais pas admis dans leurs jeux. On m’avait appris à rester dans l’ombre, à ne jamais déranger, le seul droit qu’on m’avait accordé était celui de respirer…et encore.

Avec le temps, mes résultats scolaires se dégradèrent. Le soir, seul dans ma chambre, je tentais de trouver une échappatoire. La solitude de ma chambre me permettait de me libérer, d’oublier cette peine que j’avais en moi.

Les mois passèrent. Dès lors, je restais souvent seul dans ma chambre, emporté par des pensées sombres. Je voyais dans le miroir le visage d’un jeune ado que je ne reconnaissais plus, usé par la vie, déjà. Cette image me faisait peur, car je savais où cela menait.

Un jour, mon reflet dans le miroir devint insoutenable. Je me suis précipité dans la salle de bain fermant la porte à clé derrière moi et je me suis installé dans la baignoire, je devais faire couler le sang, espérant soulager cette douleur intérieure.

C’est ainsi que mon histoire prit fin. Le corps qui baignait dans son sang que les pompiers ont découvert, était le mien.

Aujourd’hui, mon histoire et un avertissement. Je me demande encore comment personne n’a pu voir la réalité de mon quotidien. Les profs, les surveillants… Tous ont fermé les yeux. Pour ceux qui se reconnaîtront dans ces mots, je vous demande de ne pas rester indifférents. Pour que des histoires comme la mienne cessent d’exister, pour que l’on entende enfin le cri silencieux de ceux qui en ont besoin.


Cette histoire est une fiction…

Le harcèlement scolaire est une réalité silencieuse qui détruit, chaque jour, la vie de milliers d’enfants et d’adolescents. Ensemble, nous avons le pouvoir de changer cela.

20 Comments

  • Mes années collège ont été un enfer parce que j’étais un peu ronde….les élèves mais aussi les profs de gym qui alimentaient le harcelement…j’ai passé toutes les recrées planquée derrière la fontaine avec un livre…finalement ça ma fait aimer la lecture
    Il a fallu que j’ai 70 ans pour m’aimer

  • J’ai connu le harcèlement scolaire et quand ce sont, en plus des camarades d’une colonie de vacances , des enseignants d’un établissement catholique qui s’y mettent car vos parents ne payent pas la scolarité, c’est pire. J’ai connu cet isolement que tu décris si bien. Bisous

  • Il faut en effet le dénoncer car il devient de plus en plus fréquent et violent mais en fait il a toujours existé ! Les enfants déjà ne se font pas de cadeaux à l’école et à l’adolescence c’est pire ! On garde des séquelles à vie .
    Je me souviens d’un texte que tu avais publié sur ce que tu avais vécu et qui n’était pas très drôle non plus
    Bel article Gibee , bisous .

  • Malheureusement ce que tu décris , est toujours d’actualité, le monde et les mentalités non pas évolué.
    Mais je trouve ton récit précis et tellement révoltant.
    J’ai eu la chance de ne pas connaitre cela, mais mon fils lui l’a vécu, il a 43 ans aujourd’hui. Et je pense qu’à ce moment là je n’ai pas su être à la hauteur, à 70 ans passés cela me hante toujours.
    Biz

  • Le harcèlement a Toujours existé. Ma maman 96 ans le disait il y a quelques temps. Parlant d’une fille de son école. Ses parents sont venu… Scandale, mais ils ont retiré leurs filles de l’école.
    C’est violent ce que dit Stéphane sous ta plume, mais hélas c’est arrivé de nombreuses fois, filles et garcons…
    Combien d’enfants se tuent ne pouvant plus supporter le mal que les tortionnaires leur font.
    Oui ce sont des tortionnaires en puissance, il faut les arrêter avant qu’ils ne commettent l’irréparable…
    Car les mots sont douloureux et ils n’entraînent pas toujours la mort, mais beaucoup mettent du temps pour s’en remettre. Mais les mots doublés de coups…

    Heureusement que c’est une fiction mais c’est si proche de la réalité…

    Bonne soirée

    EvaJoe

  • How.. non quelle tristesse de lire l’histoire de …? ce petit qui aurait pu se nommer Didier peut-être? et cela me fait très mal !Quelle tristesse des parents qui ne se rendent pas compte du désarrois de leur petit.. des Maîtres d’école qui ne voient rien..ne font rien !
    C’est bouleversant.. comment peuvent ils devenir des adultes accomplis
    Cher Ami.. je suis bouleversée par ce texte.
    A bientôt au bout du fil

    • Je pense que nous avons tous assisté un jour où l’autre à ce genre de teignes, bizarrement ils sont rarement punis, il faut être vigilant et lutter contre …
      Bisous Jeanne

  • Une fiction dis tu mais je ne doute pas que quelque part un jeune subit cela.
    La violence est devenue un geste naturel ! c’est une honte de voir ça !
    La France devient laxiste et se sentir impuissante face a ce fléau me bouleverse !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

wp-puzzle.com logo